Accompagner ceux qui souffrent
Christina Fox | Accompagnement
Imaginez que vous veniez d’apprendre que votre corps est en train de lutter contre une grave maladie. Votre vie telle que vous la connaissiez jusqu’à présent va être chamboulée pour toujours. Alors que vous cherchez à comprendre ce qui se passe en vous, un ami vous dit : « Tu es quelqu’un de bien, tu ne mérites pas ça. »
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Ou imaginez que vous ayez perdu un proche. Votre cœur est rempli de chagrin et vous êtes bouleversé. Pour tenter de vous consoler, quelqu’un vous dit : « Tu vas retirer quelque chose de positif de cela. »
Ce genre de paroles est prononcé par des personnes bien intentionnées confrontées à la souffrance. Nous connaissons tous cette difficulté à trouver les mots justes face à une personne qui souffre. Peut-être avons-nous même entendu des propos similaires en réponse à notre propre souffrance.
En tant que chrétiens, nous sommes tenus de nous soutenir les uns les autres dans nos souffrances. Nous sommes appelés à pleurer avec ceux qui pleurent (Rm 12.14). Nous devons nous aider les uns les autres à porter nos fardeaux (Ga 6.2). Nous devons être compatissants, doux et patients les uns avec les autres (Ep 4.2 ; 1 Pierre 3.8). Mais parfois, quand nous essayons de réconforter un ami qui souffre, nous blessons involontairement ceux que nous voulons aider. Nous pouvons les blesser par ce que nous disons ou lorsque nous ne disons rien du tout.
Le silence peut nous mettre mal à l’aise, c’est pourquoi nous essayons de le remplir en sortant des clichés qui semblent de circonstance mais finissent par aggraver la douleur d’un cœur déjà brisé. Ou peut-être la souffrance que notre ami subit ébranle d’une certaine façon l’idée que nous nous faisons de Dieu. Alors nous disons quelque chose plus pour défendre cette idée et nous convaincre nous-mêmes que pour consoler notre ami. Et ce que nous disons aggrave la situation.
Parfois un ami ou un proche souffre d’une manière que nous ne comprenons pas. Ce n’est pas quelque chose que nous avons vécu, alors nous pensons que nous n’avons rien à leur apporter. Du coup nous préférons ne rien dire du tout. Ou peut-être leur douleur nous effraie-t-elle, alors nous évitons leur présence. Ne rien dire peut être tout aussi blessant.
Principes de base
Que devrions-nous faire quand un ami ou un proche souffre ? Comment pouvons-nous les aimer, les soutenir et les accompagner dans leur souffrance d’une manière qui soit encourageante et n’ait pas l’effet inverse ? Job a connu d’intenses souffrances, plus que la plupart d’entre nous n’en connaîtrons jamais. En un rien de temps, il a perdu ses enfants, ses biens et sa santé. L’histoire de Job nous enseigne de nombreuses choses, plus particulièrement sur la manière dont Dieu reste souverain sur la souffrance. Mais elle nous révèle également plusieurs choses sur la manière dont nous réagissons à la souffrance. Comment devrions-nous réagir ? Voici quelques principes de base.
Soyez là
Nous pensons souvent que nous avons besoin d’avoir quelque chose d’important à dire à nos amis, alors que parfois la meilleure chose que nous puissions faire est juste d’être présents. Comme le dit Romains 12.15, nous devrions « pleurer avec ceux qui pleurent ». Quand Job a tout perdu, ses amis sont venus et se sont assis avec lui en silence pendant sept jours (Job 2.11-13). Ils se sont associés à sa douleur et se sont littéralement assis dans la poussière et les cendres qui représentaient matériellement la perte qu’il avait subie. Une amie qui a beaucoup souffert m’a dit qu’elle avait apprécié que des gens passent lui rendre visite. C’est réconfortant d’être entouré de gens qui vous aiment et s’intéressent à vous. Nous devrions toutefois faire preuve de flexibilité dans nos visites. Il peut arriver que notre présence physique ne soit pas utile. Dans ce cas, nous devrions être prêts à nous retirer et réessayer une autre fois.
Ne dites pas des choses désagréables
Ce n’est pas que nous n’ayons pas de bonnes intentions, mais ce que nous disons s’avère souvent maladroit. Certaines de nos affirmations ne sont pas plus utiles que les paroles de ce chant des années 80 : « Don’t Worry, Be Happy. » La majeure partie du livre de Job rapporte les choses inutiles que les amis de Job lui ont dites après les sept jours de silence. Ils étaient convaincus qu’il avait certainement fait quelque chose de mal qui avait poussé Dieu à le punir. Ils ont pressé Job à tour de rôle pour qu’il avoue ce qu’il avait fait de travers. Les amis de Job étaient influencés dans leurs propos par leur mauvaise théologie selon laquelle les bonnes actions entraînent une bénédiction alors que les mauvaises entraînent une punition. Bien que cela soit parfois le cas, ce n’est pas une règle. En fait, la mort de Jésus sur la croix plaide fortement contre une telle théologie. De nombreux chrétiens pensent que Dieu désire simplement que nous soyons heureux. Ils pensent que Dieu veut que nous menions une vie heureuse ici-bas. Alors quand viennent les épreuves et la souffrance, ils ont du mal à intégrer cela dans leur théologie. Parfois, même si une affirmation vient de l’Écriture, comme « Dieu changera cela en bien », ce n’est pas le moment de le dire. La meilleure chose que nous puissions faire est de prier pour la sagesse et demander à Dieu de nous aider à dire la bonne chose au bon moment.
Quand le moment de parler est venu, dites la vérité
Le moment viendra où votre ami sera prêt à parler de sa souffrance. Il voudra partager les pensées, les sentiments et les questions qui l’ont agité depuis le début de l’épreuve. Quand ce moment viendra, dites la vérité de l’Évangile. C’est l’espérance que Job avait : « Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera, le dernier, sur la poussière » (19.25). Encouragez votre ami en l’assurant de l’amour de Jésus. Dieu n’a pas abandonné votre ami ; il est le seul refuge qui soit sûr. Parlez à votre ami de l’homme de douleur qui était habitué à la souffrance. Jésus a connu le rejet, la tentation, la honte, la privation et le chagrin. Il est venu porter toutes nos douleurs, notre péché et notre honte.
Montrez votre amour concrètement
Quand une personne souffre, même les petites choses comptent. Vous pouvez préparer des repas, prendre les messages téléphoniques, surveiller les enfants, faire les courses, tondre le gazon. J’ai demandé à une amie ce qui l’avait le plus aidée quand elle avait dû lutter contre le cancer, et elle m’a répondu que c’était les petits mots, les textes et même les livres qu’on lui avait envoyés qui avaient le plus compté. Une autre amie qui avait perdu son mari m’a dit qu’elle avait beaucoup apprécié qu’une amie vienne répondre au téléphone et prendre les messages. Lorsque nous consacrons du temps à faire même de petites choses pour quelqu’un qui souffre, cela a du poids.
Ne précipitez pas les choses
Après qu’un certain temps s’est écoulé, nous pourrions penser que notre ami devrait avoir surmonté la douleur. Dans l’histoire de Job, sa femme lui dit : « Maudis Dieu et meurs. » Elle voulait juste qu’il passe à autre chose. Mais certaines épreuves accablent ceux qui les subissent la majeure partie de leur vie. Nous devons nous tenir à leurs côtés dans la durée. Parfois notre ami semble aller mieux, mais quelque chose vient raviver la douleur. Nous devons nous souvenir de la grande patience dont Dieu fait preuve envers nous et faire de même avec nos amis. L’anniversaire de la mort d’un proche ou d’une tragédie peut raviver des souvenirs douloureux. Une amie m’a dit qu’envoyer une carte à l’occasion de l’anniversaire de la mort d’un proche était utile. Cela montre que vous n’avez pas oublié. Nous devons avoir conscience que les blessures peuvent ne pas apparaître à l’extérieur tout en s’aggravant à l’intérieur. Après qu’un certain temps s’est écoulé, ces blessures peuvent un peu diminuer, mais elles sont toujours là, et elles font toujours mal.
Avez-vous des amis ou des proches qui traversent une lourde épreuve ? Priez et réfléchissez à la meilleure manière de pleurer avec eux et de les aider sans les blesser davantage.
- Source : ChristinaFox.com
- Traduction : Jean-Philippe Bru