Tout ce que vous possédez appartient-il à Dieu ?
« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4.7). Comment répondriez-vous à cette question ? Pensez à votre relevé de compte, votre récente promotion, votre mariage, vos enfants, vos petits-enfants, vos capacités physiques, vos dons spirituels et même votre salut. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » Je ne vois que deux réponses possibles :
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Vous n’avez pas reçu tout ce que vous possédez – ou – Vous avez reçu tout ce que vous possédez.
La première réponse commet une grave erreur théologique : elle néglige la distinction Créateur-créature. Dieu est le seul être dans l’univers qui possède sans d’abord avoir reçu quelque chose. En revanche, nous devons recevoir quelque chose extra nos (« en dehors de nous-mêmes ») avant de le posséder. Par exemple, qui peut s’accorder à lui-même le don de la vie ? La seconde réponse est donc la réponse la plus correcte qu’un chrétien puisse donner : vous avez reçu tout ce que vous possédez.
Toutefois, c’est une chose d’affirmer une vérité théologique dans notre tête ; c’en est une autre de la vivre. En théorie, nous déclarons avec joie que Dieu est la source (et donc le propriétaire légitime) de tout ce que nous possédons. Mais, en pratique, nous reprenons lentement possession des biens et des talents que nous chérissons le plus. C’est pourquoi Paul soulève une seconde question en 1 Corinthiens 4.7 : « Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Bien sûr, les Corinthiens savaient qu’ils avaient reçu tout ce qu’ils possédaient (voir 1 Corinthiens 1.4-9). Il aurait été ridicule de penser le contraire. Et pourtant, on ne peut lire 1 Corinthiens sans être frappé par le fait qu’ils ne pratiquaient pas ce qu’ils prêchaient. Bien que chrétiens, ils adoptaient de façon incohérente une manière culturellement acceptable d’acquérir de l’honneur dans le monde gréco-romain : ils se vantaient. Il suffit de lire 1 Corinthiens 11.20-22 et 12.18-26 pour se rendre compte qu’ils se servaient de leurs dons pour rabaisser les autres. C’était un peu comme s’ils disaient : « Regardez ce que j’ai et que vous n’avez pas. Voyez-vous mes possessions et talents extraordinaires ? Je suis beaucoup mieux loti que vous spirituellement. »
Même si elle se manifeste différemment aujourd’hui, la vantardise continue à sévir dans l’Église et révèle une grave incohérence dans la vie des croyants. Pour parler franchement, nous pensons et agissons souvent comme les non-croyants. Nous pensons que notre maison est le fruit de notre dur labeur, que notre profession est le fruit de notre réussite scolaire et de nos aptitudes intellectuelles, que la faveur du monde est la conséquence naturelle de notre personnalité exceptionnelle. Nous nous mettons alors à agir d’une manière qui confirme ces convictions. Notre discours révèle que le Seigneur n’est pas le propriétaire de nos biens. Nos actions démontrent que nous croyons pouvoir fixer notre propre destinée. Et notre vie est caractérisée davantage par l’autosuffisance que par la dépendance envers Dieu.
En fixant notre attention sur nos dons comme s’ils nous appartenaient en propre, nous perdons de vue deux faits importants. Premièrement, nous perdons de vue le fait que toutes nos possessions sont des dons de Dieu. Sans lui, nous ne possèderions rien. Il nous donne la force et la santé pour que nous puissions travailler. Il nous donne la capacité de saisir les concepts intellectuels et d’obtenir des diplômes. Et il permet que nous trouvions faveur aux yeux du monde. Deuxièmement, nous perdons de vue le fait que toutes nos possessions appartiennent à Dieu. Quand vous recevez un don de quelqu’un, ce don vous appartient. Celui qui donne renonce à ses droits de propriété. Par contre, quand vous recevez un don de la part de Dieu, vous n’êtes que le gestionnaire de ce don. Dieu ne renonce jamais à ses droits de propriété. « Tout vient de lui, tout subsiste par lui et pour lui » (Romains 11.36). Tout ce qu’il donne et tout ce qu’il reçoit lui appartient.
Reconnaître Dieu comme la source ultime de tout bien et le propriétaire suprême de toutes vos possessions produira en vous, par l’œuvre admirable du Saint-Esprit, les qualités du Christ :
- Humilité – vous considérez vos plus grandes réussites dans la vie comme des dons immérités
- Dépendance divine – vous vous confiez en votre Créateur, qui est la source de tout bien
- Responsabilité – vous utilisez vos biens d’une manière qui glorifie Dieu
- Générosité – vous donnez gratuitement parce que vous avez reçu gratuitement
- Adoration authentique – vous combattez l’idolâtrie en élevant Dieu au-dessus de ses dons
Que le Dieu vivant et vrai nous accorde la grâce de ne pas être trop attachés aux dons que nous chérissons le plus et d’être prêts à les utiliser (et même à les perdre) pour la gloire de son nom, afin que nous puissions vivre en accord avec le commandement de Paul : « Si quelqu’un veut éprouver de la fierté, qu’il place sa fierté dans le Seigneur » (1 Corinthiens 1.31).
- Source : Ligonier.org
- Traduction : Jean-Philippe Bru