Comment grandir spirituellement
William Boekestein | Vie d’Église
Un puissant général syrien nommé Naaman avait contracté une maladie redoutable, la lèpre. Conformément à ce que Dieu lui avait révélé, le prophète Élisée promit la guérison à Naaman s’il se lavait sept fois dans le Jourdain. Naaman se mit en colère. Se baigner dans le Jourdain était un acte indigne de lui, qui ne correspondait pas à son idée de ce que le prophète pourrait lui demander. Sans l’insistance de ses serviteurs, il serait retourné en Syrie sans avoir obtenu la moindre guérison (2 Rois 5.1-14).
Annonce : Abonnez-vous à la lettre de nouvelles et recevez gratuitement un nouveau livrel (ebook).
Pour la même raison, beaucoup de gens passent à côté du plan simple et ordinaire de Dieu pour leur croissance spirituelle – l’utilisation assidue des moyens de grâce.
Moyen ou mystère ?
Louis Berkhof définit les moyens de grâce comme les « moyens objectifs que le Christ a institués dans l’Église par lesquels il s’engage à communiquer sa grâce ». Les moyens de grâce sont « ses ordonnances, spécialement sa Parole, les sacrements et la prière, qui sont toutes efficaces pour le salut des élus » (Le Petit catéchisme de Westminster, question-réponse 88). Les chrétiens doivent reconnaître la valeur de ces moyens de grâce et croire que Dieu agit par eux.
La croissance spectaculaire de l’Église primitive démontre cette vérité (Actes 2.41-47). Les premiers chrétiens ont bouleversé le monde, non parce qu’ils ont découvert une nouvelle méthode à la mode pour développer l’Église, mais à cause de leur intrigante conformité à Jésus. En particulier, l’Église grandissait alors que les croyants « s’attachaient à écouter assidûment l’enseignement des apôtres, à vivre en communion les uns avec les autres, à rompre le pain et à prier ensemble. » Parce que faire preuve d’assiduité n’a apparemment rien d’extraordinaire, nous avons tendance à rendre la croissance spirituelle plus difficile qu’elle ne l’est en réalité. Mais, à quelques exceptions près, ceux qui grandissent en piété sont assidus à la prédication, aux sacrements et à la prière. Ce sont les moyens de grâce ordinaires. La croissance spirituelle n’exige pas d’innover sans cesse, ni de chercher la dernière technique qui fonctionne, car Dieu ne travaille pas par à-coups et de manière irrégulière (Malachie 3.6).
Pourtant, les moyens de grâce ne semblent pas toujours marcher. Peut-être vous dites-vous : « Je vais à l’église, participe aux sacrements, passe du temps dans la prière, mais je n’ai pas l’impression de grandir. » Dans la mesure où nous recourons avec foi et assiduité aux moyens de grâce, nous ne devrions pas sous-estimer trop vite le rôle vital qu’ils jouent dans notre vie. Imaginez quelqu’un qui dirait : « Je mange trois fois par jour, mais ma santé ne s’améliore pas. Manger n’est sans doute pas la solution. » Dans quel état serions-nous si Dieu ne nous nourrissait pas par ses moyens ordinaires ?
Dans notre Église, les nouveaux membres entendent cette recommandation lorsqu’ils professent leur foi en Christ : « Par l’usage assidu des moyens de grâce et avec l’assistance de votre Dieu, persévérez dans la profession que vous venez de faire. » Il est vrai que des activités comme soutenir des associations chrétiennes, regarder des émissions chrétiennes, partager sa foi, s’engager dans des œuvres chrétiennes, faire bon usage de son temps et prendre soin de son corps auront une influence sur notre bien-être spirituel. Mais participer à la prédication, au baptême, à la cène et à la prière doit devenir l’habitude de tout chrétien en bonne santé. Nous avons recours aux moyens de grâce parce que c’est la façon dont Dieu a promis de nous nourrir et de faire de nous ses disciples (Matthieu 28.18-20).
Des moyens dépassés ou omnipotents
Même si le concept de moyens de grâce n’est pas nouveau, il est souvent mal compris ou mal utilisé.
Quoi de neuf ?
Dans certains milieux, l’idée de moyens de grâce est considérée comme du fondamentalisme démodé. Cette position peut prendre des formes différentes, telles que : « Nous avons essayé cela ; il est temps de passer à autre chose » ou « Je me sens beaucoup plus proche de Dieu lorsque je suis dans la nature que quand je suis à l’église » ou « Je ne peux entrer en contact avec Dieu qu’au moyen d’un certain style de musique ».
Peut-être avez-vous entendu la question : « Dieu ne peut-il pas utiliser autre chose que la prédication, les sacrements et la prière ? » C’est une question étrange à poser. Dieu s’est servi d’un âne pour réprimander un prophète (2 Pierre 2.15-16). Il peut utiliser le silence, la faillite, la dépression ou le meurtre. Mais au lieu de nous raccrocher à tout ce qui passe, nous devrions nous demander : « Qu’est-ce que Dieu a promis d’utiliser ? »
Nous ne pourrons jamais nous passer de ce que Dieu a prévu pour notre croissance. Négliger les moyens de grâce ne peut qu’entraîner un affaiblissement spirituel. Ce qui est tristement ironique, c’est que ceux qui négligent les moyens de grâce et dépérissent spirituellement sont souvent incapables de comprendre pourquoi ils sont dans un tel état. Ils sont devenus si faibles sur le plan spirituel qu’ils n’ont plus la force d’évaluer correctement leur situation.
Moyens = Grâce
D’autre part, il est possible de confondre les moyens de grâce avec la grâce elle-même. Les protestants ne sont pas à l’abri de cette confusion. Les moyens de grâce n’opèrent pas de manière mécanique. Le baptême lui-même n’efface pas les péchés. Et la cène ne communique pas automatiquement les bénédictions du Christ. Il n’y a aucune garantie qu’écouter simplement des sermons fera de vous un chrétien pieux. Accomplir les gestes de la prière ne vous fera pas entrer en contact avec Dieu. Comme l’a dit G.I. Williamson : « Les ordonnances n’ont pas autorité sur Dieu ; Dieu a autorité sur les ordonnances. » Mais il les utilise parce que tel est son bon plaisir. Nous devons nous servir des moyens de grâce avec foi, et mettre notre confiance en Dieu – et non dans les ordonnances.
Naaman a failli mourir de la lèpre parce qu’il avait jugé le moyen que Dieu avait choisi pour sa guérison trop ordinaire. Si vous voulez grandir spirituellement, faites quelque chose d’étrangement ordinaire : soyez assidus à la parole prêchée, ayez régulièrement recours aux sacrements pour orienter votre foi vers le Christ, et passez du temps dans la prière. Le fait que ces moyens semblent ordinaires témoigne de la bonté de Dieu. La croissance spirituelle n’est pas un mystère. Ayez confiance en Dieu, utilisez ses moyens, et recevez de lui la croissance (1 Corinthiens 3.6).
- Source : Ligonier.org
- Traduction : Jean-Philippe Bru